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Yo Hebib
Attends, A Temps.
TOUR DE PRESSE
Le travail, une valeur qui se perd
Nadjib Stambouli
Demain se célèbre (ou se commémore, c’est selon) la Journée mondiale du travail, qui donnera lieu à des liesses par-ci, des défilés par-là et autres manifestations revendicatives par ailleurs. Notre pays n’échappe évidemment pas à ce genre d’activités et dans les programmes venant des différents coins du territoire, l’on voit à peu près le même schéma d’actions partisanes ou syndicales. Mais il nous semble que, l’œillère festive aidant, la quintessence et la substantifique moelle de cette date annuelle a été perdue de vue en cours de route au profit de la double routine antagonique, revendicative d’un côté ou glorifiant les acquis «octroyés» de l’autre. En effet, il s’occulte aujourd’hui que le sens même de cette journée devrait s’articuler autour de l’exaltation de la valeur travail, carburant de toute société et sang circulant de la veine du développement. A bien regarder, chez nous, il ne faudrait pas s’étonner, encore moins s’offusquer de cette dissimulation de la vraie nature du 1er mai, cette vraie nature étant le travail, puisque cette qualité, parmi les plus nobles qualités de l’espèce humaine, au même titre que l’amour du prochain et la pulsion solidaire devient une espèce morale en voie de disparition. Le sens même de la valeur travail a été dévoyé, parce qu’autant à l’échelle de la société entière que de l’individu, la richesse que le travail devrait sécréter s’est vue substituer dans les faits le concept d’enrichissement facile, sans parler de son versant illicite. Ainsi, transpirer, se consacrer à des tâches à la sueur de son front, se dévouer au labeur et arborer avec fierté l’ardeur professionnelle, justifier son salaire par l’assiduité au poste, s’échiner et s’exténuer même pour un rendement maximal, exhiber la tête haute les résultats de sa production, sont autant de motifs de fierté jusqu’à une date récente. Ces valeurs sont non seulement tombées en désuétude, mais de qualités, elles ont été comme rétrogradées à un rang de défauts, par un incroyable renversement de rôles entre le vice et la vertu. Ainsi donc, celui qui trime pour empocher en toute dignité la contrepartie de son effort mensuel, devient aux yeux d’une frange de plus en plus large de l’opinion publique, un inconscient qui
«n’a rien compris à la vie», quelqu’un de «dépassé par les évènements», un naïf et un niais. Toutes ces nobles valeurs liées au travail sont remplacées par le gain facile et sans effort, le phénomène le plus emblématique étant connu sous la peu gratifiante formule de «t’bezniss» qui permet à la catégorie la plus importante de la société, la jeunesse, de vivre et même de s’enrichir à une vitesse vertigineuse sans avoir à poursuivre des études, ni à déployer le moindre effort dans un poste d’emploi rémunéré à la hauteur du travail fourni. Heureusement, les responsables des secteurs de l’Education et de la Formation professionnelle sont en train de déployer des trésors d’imagination et d’efficacité pour renverser la vapeur dans le sens d’une revalorisation du savoir et de la réhabilitation des métiers. Au moins pour ça, en cette veille de premier mai, il est permis de ne pas désespérer quant à la récupération, sous nos cieux, par la valeur travail de ses lettres de noblesse.
N.S
http://www.lejourdalgerie.com/Editions/300408/une/Lejour.htm
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LES PLUS BEAUX
LIBERTÉ
Sur mes cahiers d'écolier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom
Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom
Sur les images dorées Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom
Sur la jungle et le désert Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom
Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées Sur les saisons fiancées J'écris ton nom
Sur tous mes chiffons d'azur Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom Sur les champs sur l'horizon
Sur les ailes des oiseaux Et sur le moulin des ombres J'écris ton nom
Sur chaque bouffée d'aurore Sur la mer sur les bateaux Sur la montagne démente
J'écris ton nom Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l'orage Sur la pluie épaisse et fade J'écris ton nom
Sur les formes scintillantes Sur les cloches des couleurs Sur la vérité physique
J'écris ton nom
Sur les sentiers éveillés Sur les routes éployées
Sur les places qui débordent
J'écris ton nom
Sur la lampe qui s'allume Sur la lampe qui s'éteint
Sur mes maisons réunis J'écris ton nom
Sur le fruit coupé en deux Dur miroir et de ma chambre Sur mon lit coquille vide
J'écris ton nom Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées Sur sa patte maladroite
J'écris ton nom Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers Sur le flot du feu béni
J'écris ton nom
Sur toute chair accordée Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J'écris ton nom Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives Bien au-dessus du silence J'écris ton nom
Sur mes refuges détruits Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui J'écris ton nom
Sur l'absence sans désir Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom
Sur la santé revenue Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom
Et par le pouvoir d'un mot Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaitre Pour te nommer Liberté.
Paul Eluard
TU SERAS UN HOMME
Tu seras un homme... A la fois simple et si ambitieux Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir
Sur les places qui débordent
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties Sans un geste et sans un soupir,
Si tu peux être amant sans être fou d’amour ;
Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d’entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles,
Sans mentir toi-même d’un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les Rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Rêver, sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser, sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage,
Si tu peux être brave et jamais imprudent,
Si tu peux être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral ni pédant ;
Si tu peux rencontrer triomphe après défaite
Et recevoir ces deux menteurs d’un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront ;
Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un Homme, mon fils.
Rudyard KIPLING